Haïsrandhers
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 Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]

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Eron Nordmann
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MessageSujet: Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]   Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous] EmptyLun 23 Jan - 23:44

Un visage déformé par les pleurs. Des larmes chaudes et salées tombent des yeux brillants de sa maman. Il les sent goutter sur son front, couler le long de sa tempe, passer sur le coin de ses lèvres. Il pleure aussi. Elle le serre très très fort contre elle. Parfum familier. De grandes mains l'attrapent soudain par les côtes, le tirent en arrière. Sa maman ne le lâche pas, ça fait mal aux poignets. Elle crie, la voix cassée :

« - Non ! Non ! Laissez-moi mon Eron ! Je vous en supplie …. 

Elle lui serre tellement les poignets qu'un de ses ongles lui griffent la peau. Une perle de sang apparaît. Sa main glisse, elle la lâche. Ses cris deviennent hystériques, elle fait un peu peur.

- Le Hauldr le saura ! Il ne vous laissera pas faire !!

- Arrête, Fjola ! Ca ne sert à rien. Tu sais qui ils sont. Ces gens là sont capables de tout, le Hauldr ne voudra pas être mêlé à cette histoire. Allez, laisse le partir, tu savais que ça risquait d'arriver un jour.

- Noon ! Noon ! Eron !»

Oncle Gregor se disputait avec sa maman. C'était lui qui le tenait fermement contre lui à présent. Il se sentait protégé dans ses bras forts. Il allait résoudre le problème. Oncle Gregor trouvait toujours des solutions.
Mais voilà qu'il le pousse vers un inconnu très grand qui se tient dans l'entrée, à contre-jour. On ne distingue pas bien son visage mais son odeur de sueur pique le nez. Pourquoi Oncle Gregor le donne à ce Grand Puant ? Les traits de son oncle s’amincissent petit à petit, prenant un air féminin. Ses cheveux bruns s'éclaircissent et s’allongent tandis que sa barbe disparaît. Il s'était transformé en la madame de la ferme abandonnée. Elle le repousse, l'oblige à rester avec Grand Puant. Pourquoi…. ? Pourquoi plus personne ne voulait de lui ? Son monde tourbillonne et s’effondre.


***

Le petit garçon se réveilla en sursaut. Ses yeux marrons étaient mouillés. Il tenait sa statuette de Sleipnir contre sa poitrine. Pas question de dormir sans elle. C'est son Oncle qui l'avait fabriqué rien que pour lui  en la taillant dans le bois. Un éclair de souvenir frappa son esprit. Oncle Gregor l'avait abandonné…Ils l'abandonnaient tous. L'enfant secoua la tête pour chasser ces images. Il ne voulait plus y penser.

Eron se leva et passa à coté de Grand Puant qui faisait cuire de la viande sur le feu de camp. Ils s'étaient installés en lisière de la forêt pour y passer la nuit. Le Recruteur poussa un grognement interrogateur quand l'enfant continua son chemin en direction des arbres.

« Je vais faire pipi ».

Cette explication sembla suffire car il continua de s'occuper du déjeuner sans plus de commentaires. Eron profitait de ces petits instant de libertés. Cela ne faisait que deux jours qu'il avait le droit d'aller faire pipi tout seul depuis qu'il avait tenté de s'échapper. Il savoura l'air frais du matin. Les cloques de ses pieds avaient commencé à cicatriser, il n'avait plus trop mal en marchant. Grand Puant lui changeait ses bandages tous les soirs. Il s’arrêta devant un arbre dont l'écorce biscornue prenait des formes amusantes. Lui, il était parfait.

Il remontait son pantalon effiloché quand il entendit au loin une mélodie portée par le vent. Intrigué, il se dirigea vers les sons. Il entendait à présent des notes de luths accompagnées de chants et de rires. Il sorti d'entre les arbres. Des gens vêtus de vêtements colorés dansaient et buvaient devant l'entrée d'un petit bourg aux maisons de bois. Des musiciens semblaient prendre tellement de plaisir à jouer qu'ils souriaient béatement les yeux fermés. Les enfants faisaient la farandole et courraient entre les petites bâtisses, s’arrêtant de temps à autre pour chaparder une chope, ou un morceau de viande, posés sur la grande table au milieu de la place. Ils avaient tous l'air si joyeux !

Eron gambada allègrement vers la fête. Lui aussi voulait danser !
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Fridtjov Nordmann
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MessageSujet: Re: Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]   Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous] EmptyMer 25 Jan - 0:05

Les premiers rayons du soleil avaient percé entre les arbres il y avait quelques heures, baignant d'une lueur violacée leur campement. Les Gråspurv s'étaient mis à roucouler dans leurs nids, et la forêt semblait s'éveiller à mesure que leurs chants gagnaient en intensité.

Le petit dormait encore, emmitouflé dans la peau de fenghill dont Fridtjov l'avait recouvert durant la nuit.

L'homme, réveillé depuis un long moment, lâcha un soupir las. Leur avancée était désespérément lente, et s'il avait en premier lieu souhaité ne pas progresser trop vite, le temps d'être rattrapé par Aaren et son groupe, il savait d'ores et déjà que ceux-ci les avaient sans doute depuis longtemps dépassés. Fridtjov aurait pu porter l'enfant, mais celui-ci semblait bien plus heureux de marcher que d'être porté par lui. Le Grand Puant, qu'il l'appelait. Ses pieds avaient, fort heureusement pour lui, commencé à cicatriser. Il était de toute façon nécessaire qu'il s'habitue à marcher, et plus précisément à tenir le rythme. Les Recruteurs n'attendaient pas les retardataires. Peut-être était-ce finalement une bonne chose que le petit aille à son rythme tant qu'il en avait encore la possibilité.

Fridtjov n'arrivait pas à déterminer si l'enfant avait commencé à se faire à sa présence, ni même à l'idée d'aller vivre dans un groupe uniquement constitué d'hommes, loin de tout ce qu'il avait connu. Le garçon n'avait pas tenté une nouvelle fuite, ce qui était déjà une très bonne chose.

Près de lui, l'enfant se mit soudain à se tortiller.

Le Recruteur fit claquer sa langue, et fronçant les sourcils, se décida à préparer le petit-déjeuner. Ouvrant son sac, il sortit ce qu'il lui restait de viande de fenghill, et constata qu'il allait bientôt devoir chasser pour qu'ils puissent se nourrir. Peut-être en profiterait-il pour offrir une première leçon de chasse au petit. Un lapin pourrait être un bon début.

Des gémissements plaintifs le firent sursauter, et les yeux de l'homme se braquèrent sur la silhouette endormie du garçon. Un murmure faible lui parvint, un appel à une mère, et Fridtjov renifla en secouant la tête avec un air désolé. Il lui arrivait de maudire les femmes telles que la mère du petit. Ces femmes qui savaient qui ils étaient avant et au moment de partager leur couche. Les Recruteurs, bien trop fiers, ne cachaient jamais leur identité, et il était plus que courant que les femmes couchent avec eux parce qu'ils étaient ces si célèbres chasseurs. La mère de l'enfant ne devait certainement pas échapper à la règle, surtout en pensant avec qui elle avait couché. Et ce qu'il arrivait aux garçons d'un Recruteur n'était un secret pour personne. La femme avait juste eu beaucoup de chance d'avoir pu le garder aussi longtemps, et ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même pour sa perte.

L'homme mit la viande de fenghill à cuire, et poussa un profond soupir en écoutant les reniflements de l'enfant. Il passa une main dans sa barbe, songeant qu'il devrait peut-être essayer de rassurer le petit, en lui apprenant qu'il ferait la connaissance d'un autre garçon, une fois arrivés à destination. Rejar. Aaren se réjouirait certainement de ne plus avoir son rejeton dans les pattes - du moins fallait-il que les deux benjamins du groupe parviennent à s'entendre et à rester ensemble.

Rejar semblait être l'exact opposé du petit, de sa taille jusqu'à son caractère. C'était très certainement une bonne chose ; peut-être parviendrait-il à mettre le dernier recruté plus à l'aise, et à lui faire découvrir les joies et la passion de la chasse. Fridtjov refusait de perdre espoir. Poil d'homme, poil d'homme, poil d'homme ; pousse vite !

Il nota distraitement que le garçon s'était enfin levé, et qu'il se dirigeait sans un mot à l'opposé de lui. Fridtjov poussa un grognement interrogateur, priant les Nornes pour que le petit ne se soit pas soudainement décidé à retenter de fuir.

- Je vais faire pipi, répondit le gamin d'un ton presque jovial.

Ah, le pipi. Tout allait bien, alors. L'enfant avait été très heureux d'apprendre qu'il avait l'autorisation d'aller se soulager seul. On aurait presque pu croire que Fridtjov lui avait annoncé qu'il le ramenait finalement à sa mère. Eh bien, s'il en fallait aussi peu pour le rendre heureux, le Recruteur s'en contenterait avec plaisir.

Il retourna une nouvelle fois les tranches de viande, avant de froncer les sourcils. Le garçon mettait curieusement du temps à revenir, et Fridtjov savait très bien qu'il n'avait pas une très grosse vessie. Nornes, peut-être avait-il finalement décidé de prendre la fuite.

Le Recruteur s'était relevé et était en train d'éteindre hâtivement le feu lorsqu'une branche craqua. Poussant un soupir de soulagement, il releva la tête pour voir une homme non loin de lui, un grand sourire béat déformant son visage et une canne à pêche posée sur l'épaule. Surpris de voir quelqu'un habitant visiblement non loin, Fridtjov recula d'un pas. L'homme s'avança jusqu'à sa hauteur, et sans se départir de son sourire, inclina légèrement la tête en lui lançant gaiement :

- Bonjour ! Belle journée pour pêcher, pas vrai ? Heheh.

Fridtjov passa rapidement en revue tous les jurons qu'il connaissait, s'insultant intérieurement de tous les noms. Il savait qu'ils étaient en Austrið, mais jamais n'aurait-il cru être aussi près d'un village. Nom d'une Norne, pourvu que l'enfant n'ait pas trouvé le village, et qu'il ne soit pas allé courir dans les jupes d'une autre femme. Il ne fallut que quelques courts instants de réflexion pour que Fridtjov se souvienne qu'Austrið rimait avec fêtes sempiternelles, et l'idée lui fit même plus peur que la précédente. Aller chercher un gamin, caché derrière une femme, passait sans problème, mais aller le retrouver, perdu au milieu de fêtards ivres et très certainement drogués, était une toute autre paire de manches.

D'ailleurs, à bien observer l'homme face à lui, ses pupilles étaient bien trop dilatées pour ne pas avoir consommé quelques champignons aux vertus douteuses.

- Belle journée, oui, répondit Fridjtov en serrant les dents. Mais pourriez-vous m'indiquer la direction de votre village ?

L'homme lui jeta un regard ébahi, pencha la tête en arrière, et déséquilibré, commença à basculer avant de retrouver sa stabilité.

- Votre village, demanda de nouveau le Recruteur.

Son interlocuteur sursauta et sembla le redécouvrir soudain. Il lui sourit, et répondit joyeusement :

- Bonjour ! Belle journée pour pêcher, pas vrai ? Heheh.

Fridtjov sentit sa paupière tressauter, et serrant les poings, il prit une profonde inspiration. Il contourna l'homme en prenant soin de ne pas le bousculer, et partit dans la direction qu'avait pris le petit.

Très vite, le vent lui porta les notes d'une musique entraînante, et il accéléra le pas. Il parvint rapidement à l'orée de la forêt, et se stoppa net lorsqu'il vit avec soulagement le garçon danser joyeusement en bout d'une farandole constituée d'autres enfants.

Oh ma Norne, merci. J'ai eu peur d'être confronté à bien pire, songea Fridtjov en levant les yeux au ciel. Rassuré, il s'appuya contre le tronc d'un arbre, et observa silencieusement le petit s'amuser. Peut-être qu'un peu de divertissement lui fera le plus grand bien. Tout le monde a l'air bien trop ivre pour réagir si jamais le petit leur demande de l'aide. Et nous sommes en Austrið, ici les gens sont majoritairement pro-Recruteurs.

Un des fêtards s'approcha de lui en chancelant quelque peu - un beau jeune homme élancé, roux aux traits fins, et aux yeux verts légèrement bridés, portant peu de vêtements. Le regard de Fridtjov glissa le long de son corps, avant de revenir se ficher sur les fascinantes pupilles du jeune homme. Celui-ci s'appuya contre l'arbre, près du Recruteur.

- Si tu es trop timide pour venir danser, ma maison n'est pas très loin pour une session plus privée, lui murmura le jeune homme avec un sourire taquin.

Fridtjov déglutit péniblement. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas laissé aller à de tels plaisirs mais...

- Désolé, je dois garder un œil sur le lille barn, répondit-il en pointant du doigt l'enfant qui dansait avec les autres. Peut-être la prochaine fois que je passerai par ici.

Le jeune homme haussa les épaules mais lui fit un clin d’œil.

Alors que Fridtjov se reconcentrait sur le petit, celui-ci trébucha soudain et s'étala au milieu des enfants.

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Eron Nordmann
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MessageSujet: Re: Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]   Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous] EmptyDim 12 Fév - 1:22

Eron dansait en sautillant avec les autres enfants. Ils se tenaient tous la main en faisant un grand cercle. C'était rigolo. Ils scandaient en cœur des chansons dont l'air revenait facilement en tête dès les premières notes. Eron ne comprenait pas vraiment le sens des paroles, mais il ne s'en souciait guère. Parfois le cercle se brisait pour laisser un ou plusieurs gamins se servir à la table de victuailles et la formation de danseurs en herbe se mettait à serpenter joyeusement entre les adultes, avant de reformer un cercle, qui se rebrisait aussitôt.

C'est au hasard de ces chorégraphies que le petit garçon se retrouva à tenir la main toute douce d'une jolie blondinette dont les cheveux tressés étaient parsemés de fils de laine colorés. Elle devait avoir le même âge que lui mais était plus grande d'au moins une tête. Elle lui sourit. Il senti ses joues devenir brulantes et eut soudain du mal à suivre le rythme soutenu de la danse. Il s’emmêla dans ses pas, plaçant malencontreusement un pied devant l'autre, tenta de retrouver l'équilibre mais finit par s’écraser par terre devant tout le monde. Il y eut quelques rires moqueurs.
Le jeune garçon s'était écorché les mains sur les petites pierres coupantes en voulant se rattraper, mais ce n'était pas important. Elle l'avait vu se ridiculiser. Elle allait se moquer de lui, comme les autres. Essayant de contenir ses larmes de honte, il courut se réfugier sous la table, fuyant les regards. C'était bien sous la table. Il était caché.

Il resta un moment, assis, les bras autour de ses jambes, a observer la petite fille danser, sans oser sortir de sa tanière. Il avait la gorge sèche. Peut être qu'il y avait un peu d'eau sur la table.
La tête de Eron dépassa prudemment au-dessus du grand meuble de bois aux bords usés. Tout le monde semblait occupé. Parfait. Il attrapa vite une choppe qui était vers lui et redisparu dans sa cachette aussi vite qu'il en était sorti. Fier de lui, il vida d'un trait la moitié de sa boisson. Brûlure intense dans la gorge. Ça, ce n'était pas du tout de l'eau. Ça piquait très fort, c'était pas bon. Il toussa, recracha ce qui lui restait dans la bouche. Il voulu se lever pour replacer la Choppe Pas Bonne là où il l'avait trouvé, mais il se sentit tout bizarre. Ça tournait. Bang. Choc à la tête. C'était le coin de la table ? Pavé glacial contre sa nuque. Il était encore par terre. Il essaya de se relever, agitant vainement ses bras, tel un scarabée qu'on aurait couché sur le dos. Il éclata de rire. Des formes flouent se mouvaient autour de lui. Une odeur forte et familière atteignit ses narines. Grand Puant ?

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MessageSujet: Re: Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]   Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous] EmptyLun 13 Fév - 14:41

Fridtjov avait perdu le garçon. Comment avait-il pu le perdre ? Il l'avait vu s'étaler de tout son long par terre, se relever ; et alors que le Recruteur s'avançait pour le rejoindre, une flopée de danseurs s'étaient glissés entre eux et lui avaient bloqué la vue. 

L'homme avait eu bien des difficultés à se frayer un chemin entre eux, inspirant profondément pour garder son calme, déclinant les propositions de danses qui fusaient de part et d'autres, et refusant les verres d'alcool qui lui étaient proposés. Et alors qu'il était parvenu à se débarrasser des gêneurs, il ne put que constater avec effroi que le garçon n'était plus là où il avait été. 

Le regard de Fridtjov se porta sur la farandole d'enfants qui avait fait danser le petit jusque là, mais le gamin ne se trouvait pas parmi eux. Jurant dans sa barbe, il effectua quelques tours sur lui-même, ses yeux glissant sur les fêtards autour de lui. 

Soudain, il aperçut une petite main dépasser de la table et attraper l'une des choppes qui y était posée. 

Fy faen ! jura Fridtjov en se hâtant à rejoindre le buffet. 

Le Recruteur s'accroupit pour regarder sous la table, et y découvrit l'enfant assis, les yeux ronds comme des billes et la bouche grande ouverte. La choppe était par terre et son contenu s'était répandu sur le sol. Pitié, faites qu'il n'ait rien bu. Fridtjov se pencha doucement en direction de la table et tendit la main pour attraper le petit. Il a l'air... effrayé. Allons-y doucement...

Le garçon pencha la tête en arrière, fronça les sourcils, et ferma la bouche pour mieux la rouvrir : 

- Vran Pan ! 

Le cri surpris Fridtjov, qui se redressa et se heurta violemment la tête à la table au-dessus de lui. 

Helvete faen ! gronda le Recruteur en reculant vivement pour plaquer ses mains contre son crâne. 

Le garçon, riant aux éclats, se traîna péniblement de sous la table. Il parvint à se relever rapidement, et commença à tanguer en direction des maisons excentrées. 

- Non ! grogna Fridtjov qui essayait de se relever. Reviens ici, tullebukk!

Mais l'enfant ne l'écoutait pas et continuait son chemin.

Fridtjov était en train d'envisager de renverser la table pour passer de l'autre côté et rejoindre le garçon - ça restait plus rapide que passer dessus ou passer dessous -, quand la déambulation du petit fut stoppée lorsque deux mains glissèrent sous ses bras et le soulevèrent du sol. 

- Vran Pan ! s'affola l'enfant en battant inutilement des jambes dans le vide. 

Fridtjov poussa un soupir de soulagement et se décida à passer au-dessus de la table. Il rejoignit en quelques pas le duo, prenant soin de masser doucement son crâne encore douloureux. Le Recruteur haussa un sourcil lorsqu'il reconnut le roux qui l'avait invité à le rejoindre quelques minutes plus tôt. Celui-ci lui sourit, et tenta de bercer l'enfant. 

- Allons, allons, calme-toi, petit, ordonna gentiment le roux.

Mais le garçon continuait à se tortiller et à battre des jambes. Poussant un profond soupir, le roux jeta un rapide coup d’œil à Fridtjov. Il glissa deux doigts sur le cou du petit, l'immobilisant en quelques secondes. Le Recruteur avait regardé la scène sans rien dire, mais ne put s'empêcher d'intervenir :

- Tu n'es pas si saoul que ça. 

Le roux haussa les épaules et plaça plus confortablement le petit dans ses bras : 

- Je pensais que tu serais peut-être plus enclin à m'accompagner chez moi si je n'avais pas les pensées claires. Comment s'appelle-t-il ? continua-t-il en pointant l'enfant du menton.

Fridtjov le regarda, soudain mal à l'aise. Il détourna le regard et observa d'un air très intéressé le sol. Quelques longues secondes de silence s'écoulèrent, avant que le Recruteur ne relève la tête pour constater que le roux le fixait toujours. 

- Eh bien, hésita-t-il. Je... ne sais pas ? 

Les yeux du roux s'écarquillèrent. 

- Tu ne sais... pas 

- Je n'ai pas pensé à demander à sa mère avant de partir... Et nous n'avons pas exactement discuté lui et moi depuis le début du voyage. 

Devant l'air hébété du roux, Fridtjov continua à se justifier :

- Nous récupérons les enfants beaucoup plus tôt habituellement. Certaines mères nous disent d'elles-mêmes leurs prénoms, et si elles ne le font pas, nous nous chargeons nous-même de choisir leur prénom. 

Le roux plissa les yeux :

- Il est un peu trop grand pour changer de prénom. 

- J'en ai bien conscience, répondit Fridtjov en se grattant distraitement la barbe. 

Le silence s'installa de nouveau, mettant à son tour le roux mal à l'aise. Se raclant la gorge, il se décida à prendre la parole : 

- Je ne sais pas si tu souhaitais reprendre la route maintenant, vu l'état du garçon, mais l'une des anciennes de notre village est chaman et pourra peut-être dessaouler l'enfant rapidement. 

Rapidement, le mot plaisait à Fridtjov. Tout pour partir de ce village maudit le plus rapidement possible. Ils n'avaient que trop perdu de temps. 


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Le roux les mena jusqu'à la maison la plus éloignée de la fête. 

- La vieille, j'amène de la visite, cria le jeune homme en rentrant. 

La pièce principale, étonnamment grande, possédait un lit, une vieille table entourée par des tabourets, et de grandes étagères sur lesquelles étaient disposés des dizaines de pots remplis de poudres, d'herbes et de champignons. Dans un coin de la salle, une cage était remplie de lapins aux fourrures brunes voire grisonnantes. 

Fridtjov observa le roux allonger le petit sur le lit, et se détourna lorsqu'il entendit du bruit derrière lui. Une vieille femme à la peau cireuse et parcourue de rides lui faisait face. Ses cheveux nattés étaient entremêlés d'os, et ses oreilles étaient percées d'aiguilles tout le long de leurs lobes.

- Des étrangers, lança-t-elle en haussant un sourcil. Je m'appelle Agda. Y a-t-il un problème ? 

- Le petit est saoul, répondit le roux en désignant l'enfant du doigt. 

- Pourrais-tu faire quelque chose pour le remettre sur pieds le plus vite possible ? demanda Fridtjov.

La vieille s'approcha du lit. Elle passa une main sur le front de l'enfant, et se tourna vers les deux hommes : 

- Malheureusement non. Le garçon est trop jeune pour mes remèdes. Je ne peux suggérer que du repos. Attendre qu'il se réveille ; il se dessaoulera de lui-même. 

Fridtjov serra la mâchoire et ferma les yeux. Ils prenaient bien trop de retard. Prenant une profonde inspiration, il allait reprendre la parole lorsqu'Agda le coupa :

- Vous pouvez, bien évidemment, rester jusqu'à son réveil. Je ferai préparer un repas pour que vous puissiez reprendre votre route le ventre plein et sans souci. Une fois dessaoulé, je pourrais même lui donner un petit tonifiant pour qu'il reparte comme neuf. 

Le Recruteur prit quelques minutes pour réfléchir. Un tonifiant ne pouvait pas faire de mal au petit, à son réveil, et peut-être permettrait-il de rattraper ne serait-ce qu'une infime partie du retard qu'ils avaient. Et quitte à attendre le réveil de l'enfant, autant que celui-ci se repose dans un lit plutôt que sur le sol dur de la forêt, protégé du froid seulement par la peau de fenghill dont Fridtjov le recouvrait chaque nuit. 

- Merci pour ton accueil, accepta-t-il en inclinant légèrement la tête. J'espère que nous ne te dérangerons pas plus longtemps que nécessaire. 

L'homme alla s'asseoir au bord du matelas du garçon, et croisant les bras sur la poitrine, commença à attendre.


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Plusieurs heures s'étaient écoulées et le garçon n'avait toujours pas bougé. Fridtjov avait eu le temps de retourner jusqu'à leur campement pour récupérer leurs affaires. La vieille femme et le roux avaient passés leur temps à jouer à un jeu inconnu par l'homme, assis autour de l'unique table de la pièce. A l'extérieur, la fête battait encore son plein. Le Recruteur, appuyé contre l'embrasure de la porte d'entrée, sentit un mal de tête poindre. Il tâta précautionneusement son crâne, constatant avec une grimace qu'une bosse étaient en train de s'y former. Soudain, derrière lui, Agda lâcha un petit rire.

- Je le savais, je te connais, dit-elle en pointant du doigt Fridtjov avec un air narquois. Les Dieux m'ont beaucoup parlé de toi, Tryggur. 

Celui-ci haussa les sourcils, et sentit la curiosité monter en lui :

- Tu parles aux Dieux, la vieille ? 

- S'ils sont d'humeur, oui, répondit-elle sans se départir de son sourire. Et ils le sont souvent, il suffit de savoir comment s'y prendre pour leur parler. 

Fridtjov la jaugea silencieusement pendant quelques secondes. Ses yeux dérivèrent jusqu'à l'enfant, couché dans le lit. 

- Quelque chose te tracasse, Tryggur, nota Agda avec amusement. Aurais-tu quelque chose à nous confier ? 

- Je m'inquiète pour l'avenir du petit, admit l'homme en grimaçant.

Agda échangea un regard avec le roux, avant de sourire à pleine dents :

- Voudrais-tu demander aux Dieux ce qu'il en est à ce sujet ? 

Fridtjov la regarda avec surprise : 

- Tu ferais ça ? 

- Je ne ferai rien, rétorqua Agda en secouant la tête. Toi, tu le ferais. Et les Dieux également, s'ils en ont le désir. 

Elle se leva et alla récupérer un coffre sculpté en bois sombre. Elle en sortit une bourse en cuir, dont elle renversa le contenu sur la table. 

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Fridtjov en pointant du menton les petits os et les minuscules crânes étalés sur le bois. 

Agda esquissa un sourire moqueur et l'observa du coin de l’œil. 

- Les restes de nos petits, répondit-elle en haussant les épaules. Morts et mortes pour diverses raisons ; mais les Dieux sont plus cléments à nous répondre lorsque nous posons nos questions par le biais de nos enfants. 

Fridtjov hocha lentement la tête, semblant assimiler les informations. Il observa sans mot la vieille trier les os et en remettre certains dans la bourse en cuir. 

Derrière eux, le roux s'affairait à tuer le petit gibier qu'il sortait de la cage. Il évida les animaux, et récupéra dans un grand bol le sang qu'il tirait des charognes. Une fois rempli à ras-bord, il alla déposer le bol près d'Agda, et trempa deux doigts dedans. Il se tourna vers Fridtjov, leva sa main à hauteur de visage et haussa un sourcil. Le Recruteur se contenta d'acquiescer silencieusement. Le roux posa ses doigts sur ses lèvres, avant de commencer à peindre le visage de l'homme. Fridtjov observa Agda plonger à son tour deux doigts dans le bol, avant de s'affairer à se badigeonner elle-même le visage de sang.

Fridtjov du fermer les yeux lorsque l'index et le majeur du roux passèrent sur ses paupières, et il se laissa distraire par les fredonnements lents et berceurs du jeune homme. 

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il observa le roux lécher les deux doigts qu'il avait recouvert de sang, avant de lui adresser un clin d’œil et se retirer silencieusement sur le côté.  

Agda avait déjà terminé sa propre tâche, et avait dessiné sur son visage ce qui ressemblait à un crâne humain. 

- Les Dieux répondent à nos enfants morts, et si tu veux entendre leur réponse, il te faudra aussi te faire passer pour mort, justifia-t-elle en faisant signe à Fridtjov de s'asseoir face à elle. 

Le Recruteur obéit et prit place sur le petit tabouret en bois.

Sur la table, à leurs côtés, le roux s'activait à écraser plusieurs champignons et à les mélanger à diverses poudres colorées, avant de verser le tout dans le bol de sang. 

Hochant doucement la tête, la vieille femme s'empara délicatement d'un des plus petits crânes, le retourna et le plongea précautionneusement dans le mélange. Elle déposa la boisson devant Fridtjov, avant de lever un doigt et de fixer le roux :

- Asulf, si notre transe ne s'est pas terminée demain matin et que le petit ne s'est toujours pas réveillé, je veux que tu lui prépares une petite concoction. Mélange les boyaux de tes gibiers aux quelques boules de Sleipnir que tu trouveras dans ma réserve personnelle. Tu brûleras le tout, et tu mettras ça sous le nez du petit ; ça devrait suffire à le réveiller. 

Agda dut se retenir de rire en voyant Fridtjov pâlir et grimacer à l'écoute de sa recette.

- Par ailleurs, continua-t-elle, tu prendras soin du petit et tu t'assuras qu'il ne se saoule pas à nouveau. Notre ami, ici présent, doit avoir le désir de reprendre la route aussi vite que possible. 

Le Recruteur s'empressa d'acquiescer. 

- Très bien, conclut Agda. Nous allons donc faire vite. Tryggur, lorsque tu te sentiras prêt, tu boiras dans le crâne. Tu pourras alors entrer en transe, et si les Dieux sont cléments, ils te permettront d'entrevoir ce que tu désires savoir. Concentre-toi sur le petit, et tu verras peut-être l'avenir qui lui est réservé... En espérant qu'il te plaise. 

- Et que feras-tu, toi ? demanda Fridtjov.

- Je t'accompagnerai dans ta transe. Les Dieux ne nous accorderont peut-être pas la même vision, aussi te ferai-je part de ce qu'ils m'auront confié au sujet du garçon.

Fridtjov se tourna vers l'enfant, au chevet duquel s'était assis le roux. 

- Je suis prêt, dit-il en se retournant vers Agda. 

Les yeux de la vieille femme se fichèrent dans les siens. Ses lèvres étaient déjà recouverte par le sang qu'elle venait de boire, et elle reposa le crâne sur la table. D'un geste vif, Fridtjov l'attrapa et porta le récipient jusqu'à ses lèvres. L'odeur était curieusement agréable, mais la substance sur sa langue était pâteuse et élastique. Il but d'une traite ce qu'il restait dans le crâne, reconnaissant vaguement un arrière-goût de champignon. Les mains froides de la vieille se glissèrent soudain entre les siennes, et il crut l'entendre dire de se concentrer. Se concentrer. Ah oui, sur le lille barn.  

Les murs autour de lui semblaient de rapprocher lentement, et Fridtjov fut obligé de fermer les yeux pour ne pas tomber. Ce qu'il ressentait fut pire les yeux fermés et il s'obligea à rouvrir les paupières. D'immenses tâches aux couleurs vives dansaient devant ses yeux, prenant des formes aux contours tantôt imprécis, tantôt tanguant. Un poulet en feu passa brusquement devant lui, et il ne put se retenir d'éclater de rire. La pluie commença à tomber et se chargea d'éteindre le malheureux poulet, alors qu'une rivière débordait près de lui. Très vite, il fut trempé jusqu'aux mollets, et observa, l'air hébété, un homme avec une canne à pêche sur l'épaule passer devant lui en barque. 

Fridtjov tenta de se relever, mais deux étaux froids enserraient ses mains et l'en empêchèrent. 

- Je tombe, annonça-t-il en riant. 

Sa chute semblait interminable, tout comme son fou rire qui ne s'était pas arrêté. Un homme à la peau olive s'arrêta face à lui et avec un sourire immense, lui sortit gaiement : 

- Jambo bwana

Fridtjov hocha vivement la tête, et répondit d'un signe de main à l'homme. Puis, l'homme disparut, la chute ne fut plus, et le Recruteur cessa de rire. Il regarda autour de lui, soudainement perdu, et eut envie de pleurer. Un brouillard épais l'enserra soudain et un long frisson parcourut son corps. Lorsque le temps fut éclairci, le Recruteur distingua alors une silhouette familière devant lui. Plissant les yeux, il tenta de se remémorer l'identité de la silhouette. Celle-ci se tenait devant lui, fière, grande, et simplement vêtue d'un bas ample et d'une peau autour des épaules. Du poil d'homme sur le torse. 

Lille barn ? 

Et Fridtjov se remit à rire.


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Eron Nordmann
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MessageSujet: Re: Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]   Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous] EmptyJeu 23 Fév - 23:17

Eron avait la bouche toute pâteuse lorsqu'il ouvrit ses yeux embués. Il se trouvait dans un lit moelleux, bien au chaud sous une épaisse couverture de laine. Il fixa quelques instants les poutres du plafond en laissant échapper un long bâillement. Ce n'était pas sa maison. Il se redressa, regardant autour de lui, totalement perdu. Mais comment avait-il atterri là? Il essaya de se rappeler ce qu'il avait fait la veille. Des bribes de souvenirs passèrent furtivement dans son esprit. Il dansait avec les autres. La choppe-pas-bonne brulait sa gorge. Il tombait par terre devant tout le monde. Le sourire de la blondinette réchauffait son cœur. Rien n'était clair et l'enfant commença à avoir mal à la tête. C'est alors qu'il reconnu le dos de Grand Puant, assis non-loin de lui.

- Eh, Grand Puant!

Il se fit superbement ignorer.

- Grand Puant?

Toujours pas de réponse. Vexé, Eron se mit à scander :

- Eh! Oh! Gros Nul Puant Pas Beau de Poisson Pourri!!

Le silence persista. Ce n'était pas normal. L'enfant du se faire violence pour quitter la douce chaleur des draps et poser un pied sur les planches usées. Un murmure mystérieux sembla s’élever de derrière Grand Puant. Les mots se répétaient dans un souffle, comme une étrange litanie récitée à voix basse.

- Hein, qu'est ce que tu dis?

Les murmures continuèrent, augmentant légèrement de volume. La voix n'était pas celle de Grand Puant, elle était beaucoup plus vieille, et il ne comprenait pas le moindre mot de ce charabia incessant. Eron descendit complètement du lit et regarda enfin ce qu'il y avait derrière le dos de son ravisseur. C'était une femme âgée, le visage badigeonné de sang coulant dans les creux marqués de ses rides, les yeux grands ouverts, totalement blancs. Sa bouche desséchée tressautait en chuchotant ses phrases incessantes.

- Aaaaaaahhhh!!

L'enfant se cacha derrière Grand Puant qui ne bougeait toujours pas. La porte s'ouvrit soudain en grinçant, faisant sursauter Eron. Un homme aux longs cheveux roux entra dans la pièce, portant de son bras fin un grand sac de toile qui gigotait tout seul. Il lui adressa un sourire bienveillant.

- Ah, ça y est, tu es enfin réveillé. Tu as faim?" Sa voix était étonnamment douce.

- Vous êtes qui? Et c'est qui la vieille dame là-bas ? Je crois qu'elle a fait quelque chose à Grand Puant, il bouge plus!"

- Je m'appelle Asulf, et voici Agda, la chamane qui t'as gracieusement prêté son lit pour que tu puisses te reposer. Ne t'inquiète pas pour ton ami, ils ne bougent plus car ils discutent avec les Dieux.

- Ce n'est pas mon ami", ronchonna le garçon. Mais Asulf ne sembla ne pas avoir entendu, il avait contourné la table centrale et sortait, par la peau du cou, des lapins de son sac. Il les plaçait un a un dans une cage, a coté de leurs confrères grignotant passivement des brins de foin. Eron s'approcha.

- Oh, ils sont mignons, je peux les caresser?"

Le roux n'eut pas le temps de répondre, des bruits de panique se firent entendent dehors. Le martellement pressé des pas sur le sol résonna derrière la porte.

- Tous aux abris! Le Gullinbursti arrive vers nous! Courrez!!", s’époumona une femme.

La porte s'ouvrit à la volée, et quelques fêtards s'engouffrèrent, haletants. L'un deux s’effondra au sol, blessé profondément à la jambe. Eron aperçut une silhouette brillante passer devant l'entrée. Intrigué, il se glissa dans l'ouverture avant qu'ils ne claquent le panneau de bois derrière lui.
On aurait dit qu'un ouragan avait frappé la rue, rependant sur les pavés des débris fumants et les restes de nourritures qui trônaient plus tôt sur le grand buffet. Le garçon remonta la piste et se figea devant la scène qui se déroulait devant lui. Un sanglier à la crinière d'Or et aux défenses saillantes était acculé contre un mur, menacé par quelques hommes armés un peu éméchés. L'animal apeuré avait l'air très jeune, des rayures de marcassin striaient encore son pelage aux reflets dorés. Il grognait en fixant anxieusement les lames pointées sur lui, puis laissa échapper un couinement plaintif  quand une des épées entailla sa chair. Des flammèches jaillirent de son groin, se reflétant dans l'acier meurtrier. Le regard de la Fée se planta dans celui d'Eron. Perdu. Peur. Mal.

- Laissez-le tranquille! Ce n'est qu'un bébé, vous lui faites mal!"

L'enfant avait crié sans s'en rendre compte, se plaçant entre la victime et ses agresseurs. Il se rendit compte un peu trop tard de la situation périlleuse dans laquelle il venait de se mettre...

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MessageSujet: Re: Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous]   Et bien, dansez maintenant! [Ouvert à tous] EmptySam 25 Fév - 21:21

C'était un peu comme se retrouver dans un épais brouillard, sans parvenir à trouver ses repères. Le sol semblait trop bas - ou peut-être trop haut ? - et les murs autour pulsaient convulsivement. Des ombres se mouvaient et se déformaient, et les murmures étaient incompréhensibles et incessants. Le désir de plonger sa propre main dans son crâne était fort ; il aurait juste suffit de déchirer le cuir chevelu, briser l'os qui se trouvait dessous, et plonger ses doigts dans la cervelle, dans une vaine tentative d'arrêter le mal qui rongeait sa tête. Comme si faire ça aurait pu mettre fin à la douleur qui l'étreignait avec férocité.

Les chuchotements avaient mué, à présent beaucoup plus forts ; et ils résonnaient désagréablement dans sa tête. Instinctivement, ses mains se portèrent jusqu'à ses cheveux, ses doigts s'enfouirent entre ses mèches, et ses ongles se mirent à gratter. Gratter fort, encore, plus vigoureusement, avec le fol espoir de percer son mal intérieur. Le bout de ses doigts s'échauffait, et bien que la sensation ne soit pas des plus plaisante, elle était bienvenue pour le distraire de ses autres maux.

Soudain, deux mains encerclèrent ses poignets, l'obligeant à se stopper, et il ouvrit les yeux.

Fridtjov avait toujours eu ses doutes concernant l'existence des dieux - sa Foi était destinée aux Nornes, et la majorité du temps, cela lui suffisait amplement. Mais lorsque ses yeux croisèrent le regard vert pétillant qui lui faisait face, il fut tenté d'envoyer toutes ses craintes en Helheim. Jusqu'à se souvenir enfin des derniers événements. Jusqu'à se souvenir qu'un simple homme se tenait devant lui. Quel était son nom, déjà ? Asulf.

Le jeune homme était en train de lui tendre un gobelet rempli d'un liquide couleur noisette, d'où émanait des effluves de miel chaud et de fleurs sauvages. Voyant que le Recruteur ne réagissait pas, le roux agita doucement la boisson sous ses yeux, un sourcil haussé. L'odeur douce se diffusait, alors que Fridtjov peinait à rassembler ses esprits. Il secoua vivement la tête, tentant de se ressaisir, et attrapa le verre devant lui. Il en avala d'une traite le contenu, grognant de satisfaction lorsque le liquide lui réchauffa agréablement la gorge, chassant un arrière-goût amer qu'il n'avait pas remarqué jusque là.

Déjà, son esprit semblait s'éclaircir. Le mal de tête était toujours présent, mais amoindri ; et Fridtjov ne doutait pas qu'il ne faudrait qu'une petite heure pour qu'il ne le ressente plus.

- Takk, grogna-t-il à Asulf.

Il n'avait pas l'intention de son montrer désagréable, mais ses souvenirs de la transe refaisaient surface. Passant un revers de main sur son front, l'homme poussa un profond soupir. Les dieux existaient peut-être bel et bien... Il ne savait pas que penser de ce qu'il avait vu - ni même s'il était satisfait ou non d'avoir découvert ça. Le lille barn...

- Il s'est passé quelque chose, intervint soudain Asulf en posant doucement une main sur l'épaule du Recruteur.

Celui-ci sentit ses muscles se tendre, et il regarda le roux avec un air suspicieux. Le jeune homme arborait un air grave, et son teint était curieusement pâle - plus qu'il ne l'était habituellement. Passant son regard dans la pièce, le Recruteur nota que ni Agda, ni Eron n'étaient présents. Fridtjov se releva vivement, ignorant que tout autour de lui se mettait à tanguer, et aboya d'un ton sec :

- Montre-moi.

Asulf hocha doucement la tête, avant de l'emmener à l'extérieur. Fridtjov nota distraitement des traînées rougeâtres au sol, vers la porte d'entrée. Lorsqu'il passa le pas de la porte, il se figea. Si les dieux existaient, ils semblaient avoir choisi le village comme terrain de bataille. Serrant les poings, le Recruteurs rattrapa le roux en quelques pas, et prit connaissance des dégâts autour d'eux. Certaines portes avaient été arrachées de leurs gonds, et par endroits, le pavé clair était tâché de noir et recouvert de victuailles. Fridtjov suivait de près Asulf, jusqu'à ce que celui-ci les arrêtent aux abords d'une rue qui donnaient sur la place principale. Les yeux de l'homme s'écarquillèrent en découvrant la scène.

Au plus proche d'eux reposait le cadavre d'un petit sanglier au pelage doré recouvert de rayures. De son groin sortait encore une légère fumée sombre, qui ondulait paresseusement au dessus de lui. Une flèche était plantée dans l'un de ses yeux, une autre dans l'une des pattes. Ce qui avait probablement dut être la lame d'une hache de fortune était encore plantée dans le ventre du marcassin, ouvert sur toute sa longueur. Les entrailles de l'animal étaient répandues sur le sol, baignant dans son sang. Celui-ci, d'un rouge sombre presque noir, était curieusement pailleté par de minuscules tâches rose, blanches, verte et violette brillantes.  

Gullinbursti. Le sanglier aux soies d'or.

Un peu plus loin, dans la rue, un regroupement s'était fait autour du mur d'une des maisons. Échangeant un regard avec Asulf, Fridtjov se précipita vers l'attroupement. Il joua des coudes et des épaules pour se frayer un passage, grognant méchamment si certains ne se poussaient pas assez vite ; et enfin, il arriva jusqu'au mur qui intéressait tant les autres.

Agda lui tournait le dos, accroupie, les mains fouillant dans un large sac posé à ses côtés. Autour d'elle étaient étalés des fioles pleines, des bandages, une paire de ciseaux et des rouleaux de fils piqués d'aiguilles.

Serrant les dents, Fridtjov sentit son sang se glacer. Il avança précautionneusement d'un pas, et découvrit sur quoi la vieille était penchée.

L'enfant, le petit garçon qu'il avait recruté, était couché au sol, étalé de tout son long et les bras écartés. Son visage était mouillé de larmes, et son regard un peu fou. Il éclata en sanglots douloureux, sa petite poitrine nue se soulevant rapidement au rythme de sa respiration saccadée et sifflante. Son haut avait été déchiré en deux, découvrant le long de son torse et sur son ventre des tâches brunies et violacées, comme s'il avait été violemment frappé à plusieurs reprises. Son bras droit, tendu sur le côté, était difforme ; la peau semblait à vif et les muscles étaient visibles, tandis que les os, visiblement cassés, tordaient le bras dans des sens impossibles. Les sanglots se tarirent soudain, alors que les yeux du petit se fermaient.

Dans la foule, une femme se tourna vers Fridtjov, l'observa quelques instants, et lui lança :

- Je n'ai jamais compris pourquoi vous, les Recruteurs, perdiez votre temps avec les enfants. Ce sont des nuisances.

A côté d'elle, un homme hocha vivement la tête :

- A cause de lui, nous avons failli ne pas avoir le Gullinbursti. Ce petit imbécile a essayé de le protéger.

- Le Gullinbursti l'a piétiné. Il mérite ce qui lui est arrivé, intervint une autre femme.

La mâchoire et les poings de Fridtjov se serrèrent. Près de lui, Agda se retourna et lui fit un petit signe de tête. Prenant une profonde inspiration, le Recruteur plissa les yeux et s'approcha d'elle.

- Aide-moi à transporter l'enfant jusque chez moi, ordonna la vieille femme à voix basse. Prends bien garde à ne pas toucher son bras, et ne le serre pas trop, je n'ai pas pu encore évaluer toutes ses blessures.

Le Recruteur hocha la tête, et s'avançant vers le petit, passa un bras sous ses jambes et son cou pour le soulever précautionneusement. Puis il se releva, et fit face à la foule.

- Dégagez, aboya-t-il sèchement.

Et silencieusement, la foule s'écarta pour lui laisser place.


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Fridtjov était assis au chevet du garçon, et regardait Agda s'affairer sans un mot. La vieille femme, épaulée par Asulf, avait bandé le torse du petit, et étalait à présent une crème épaisse et blanchâtre sur la peau brûlée de son bras. Lorsqu'elle eut terminée, elle se tourna vers Fridtjov et poussa un soupir :

- Je pense qu'il a quelques côtes fêlées - rien d'irréparable de ce côté-là. Je vous donnerai des calmants, et des poudres qui suffiront à soigner ça. Mais concernant son bras...

Un soupir tremblant attira leur attention, suivit d'un sanglot déchirant. Fridtjov, Agda et Asulf se tournèrent vers le lit. L'enfant les observaient les yeux rouges, et sa lèvre tremblait.

Fridtjov le fixa d'un air sévère, avant de se concentrer sur la vieille femme :

- Continue.

Celle-ci sursauta, et après un silence, finit par s'exécuter :

- Son bras est, bien évidemment, impossible à soigner. Le plus sage serait de le couper, car il ne lui apportera que douleur et gêne.

Le Recruteur l'observa, pensif. Dans sa transe, il ne se souvenait pas d'avoir vu l'enfant avec un bras manquant.

- N'y aurait-il pas un moyen pour qu'il... conserve son bras ? demanda-t-il en choisissant soigneusement ses mots.

Agda haussa un sourcil et se pencha vers lui :

- Qu'as-tu vu pendant ta transe, Tryggur ?

- La question, c'est qu'as-tu vu, toi ? rétorqua-t-il en grimaçant.

Agda renifla, et son visage se rembrunit. Elle regarda Asulf, et répondit à voix basse :

- Le noir. La fin d'un monde - le nôtre. C'était terrifiant ; cependant, rien ne concernait l'enfant.

- La fin du monde ? répéta Fridtjov les sourcils froncés.

Cela laissait à réfléchir. Il aurait à en parler à Aaren, le plus rapidement possible. Ça, et...

- Existe-t-il un moyen pour son bras ? répéta-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

Le silence lui répondit. S'il n'existait pas d'autre solution, et que le garçon était destiné à perdre son bras, cela voulait peut-être dire que les dieux...

- Uppspretta.

Fridtjov se concentra sur la vieille femme :

- Pardon ?

- Uppspretta, répéta-t-elle. Elle a plusieurs noms : la Sources des Larmes, la Source des Soupirs, la Source des Dieux, celle des Vœux. Peu connaissent son existence, car il s'agit l'un d'un endroit puissant et empli de magie. Il te suffit d'entrer dans l'eau avec l'enfant, et il est dit qu'un dieu viendra exaucer n'importe lequel de tes souhaits - attention, seulement un seul.

Le Recruteur hocha la tête :

- Et cette source, elle est où ?

- C'est le problème, répondit Agda en soupirant. La Source change de place à chaque fois qu'un Vœu est exaucé ; et cela fait des décennies que personne n'y aurait mis les pieds. Il est cependant dit qu'elle se trouve toujours dans les Scandes, si cela peut réduire tes recherches.

- Il est dit ? répéta Fridtjov le ton froid. Es-tu au moins sûre que cette source existe ?

- Qu'elle existe ou pas, intervint Asulf, c'est là la seule autre solution concernant le bras du petit.

Le Recruteur se tut, puis fronçant les sourcils, il se tourna vers le garçon, qui les observaient les yeux écarquillés :

- Toi là, lança Fridtjov en le pointant du doigt. Tu ne m'apportes que des problèmes et retarde notre route. Tu ne m'aimes pas, tu veux me fuir, tu m'insultes. Penses-tu vraiment que je perdrais davantage de temps à chercher cette source pour soigner ton bras ? Penses-tu vraiment que tu mérites tout le temps que je te consacre ? Si tu tiens à ton bras, prends bien garde ; et si tu veux que je t'emmène à la source pour le guérir, j'attends que tu me donnes de bonnes raisons de le faire. Allez, petit. Convainc-moi.


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